Un moment de pur plaisir
Après
un briefing complet portant sur les particularités du vol
hydro et une présentation détaillée du lac,
notre toute prochaine aire de jeu, on s'équipe de gilets de
sauvetage pour aller rejoindre notre monture.
Cela fait
bizarre de voir un PA 18 qui vous toise de si haut.
L'inscription
discrète sur les flotteurs, rappelle au souvenir d'Henri
Guillaumet, grande figure de l'aéropostale magnifiée
par St Exupéry.
Les particularités du tour avion se
résument d'une part à la vérification des
flotteurs et notamment de tout ce qui s'y rapporte (attaches, safrans
et leur câblerie, évacuation éventuelle de l'eau
résiduelle stagnant dans les compartiments flotteurs à
l'aide de la pompe manuelle…) et de la présence du
matériel de sécurité spécifique à
une utilisation maritime, (pagaie, bouts divers, matériels de
signalisation, gaffe, grappin etc…).
Vérification
des roues. Il s'agit d'un amphibie, et pour le coup, il est vital que
ce système fonctionne parfaitement si l'on ne veut pas
terminer queue par dessus tête dans l'eau en cas d'amerrissage
train sorti …
L'installation à bord après
avoir grimpé sur le flotteur droit n'est pas plus compliquée
que sur un PA 18 terrestre. On trouve quelques différences
avec le PA 18 terrestre, à savoir une commande de safrans à
câbles, sur le côté gauche, un système de
sortie du train en secours entre les jambes sur le plancher et un
indicateur spécifique de cinématique du train sur le
tableau de bord.
Celui-ci mérite quelques explications, car
il s'agit là d'un élément vital à la
conduite du vol en sécurité sur amphibie. Ce système
est équipé d'une palette de train, de 4 voyants verts
symbolisant les quatre roues sorties pour les atterrissages, de 4
voyants bleus symbolisant les quatre roues rentrées pour les
amerrissages, d'une lampe allumée rouge pendant le transit du
train.
Des témoins mécaniques de position rentrée
ou sortie des roues principales affleurent sur le dessus de chaque
flotteur.
Enfin, une alarme vocale réarmable par appui sur
un bouton clignotant se déclenche en dessous d'une certaine
vitesse de référence annonçant la position
effective du train…
Le système de rentrée et
sortie du train est hydraulique.La mise en route ne présente
rien de particulier. En revanche, les premiers roulages sont
surprenants, d'une part à cause de la hauteur inhabituelle des
yeux du pilote et d'autre part à cause de l'efficacité
toute relative des ralentisseurs, commandés par des pédales
aux talons.
Le décollage quant à lui est plus facile
que sur la version train classique. Il s'effectue basiquement volets
au premier cran, rotation vers 50mph, montée à 70 mph
réduction à 2400t/mn (l'essence coûte cher..).
A
100ft rentrée du train, vérification des 4 lampes bleue
et des témoins mécaniques de rentrée, à
300ft rentrée des volets, et là…surprise, il
faut compenser, encore plus que sur la version terrestre, ceci étant
dû à l'influence des flotteurs sur l'aérodynamique
de la machine.
Un amphibie
La
formation commencera par un peu de maniabilité en secteur,
suivie de quelques tours de piste sur la piste en dur de 800 m de
Biscarrosse.
L'instructeur va insister, plutôt lourdement
même, sur les manœuvres de rentrée et sortie du
train. Il s'agit en effet d'avoir toujours conscience de ce que l'on
veut faire, se poser sur terre ou amerrir, et ensuite de vérifier
la position du train pour ce faire. Interdiction absolue de réarmer
l'alarme vocale sans avoir répété au préalable
ce qu'elle annonce !
On se présente en finale train sorti,
4 vertes pour atterrissage, témoins extérieurs
vérifiés, volets au premier cran et à 70 mph,
avec un arrondi aux alentours de 60 mph. Le poser sur piste ne pose
pas de problème particulier et se révèle une
fois encore plus facile que sur la version à train
classique.
A l'issue de cette prise en main, qui pourrait
d'ailleurs servir à la prorogation ou au renouvellement d'un
SEP terrestre ( l'avion amphibie autorise cette possibilité),
on change d'aire de jeu en se dirigeant vers les quelques 3700 ha de
lac pour entrer dans le vif du sujet. Il s'agit maintenant d'aller se
poser sur l'eau, et la première des actions à effectuer
est d'activer l'hydrobase sur la fréquence tour de
Biscarrosse, et de vérifier dans la foulée que le train
est bien rentré, 4 voyants bleus allumés, témoins
mécaniques de train en position " UP WATER ".
Les
évolutions au dessus de l'eau se font à 200 ft de
hauteur, ce qui est assez inhabituel pour des pilotes "
terrestres ", du moins pour ceux qui respectent la
réglementation …
La vitesse d'évolution est
stabilisée à 80 mph avec 1 cran de volets sortis et
2200t/m (économies, économies). Il s'agit dans un
premier temps, d'analyser le contexte. Direction du vent, analyse du
plan d'eau, notamment de la hauteur des vagues, de l'absence
d'obstacles flottants, de la position des autres usager pour aboutir
au choix du lieu d'amerrissage.
Il est essentiel de bien prendre
soin de ne pas gêner les autres usagers du lac, plaisanciers,
chasseurs et pêcheurs , ainsi que les riverains, car c'est à
ce prix que l'on parviendra à faire accepter la
ré-introduction de l'hydravion dans son élément
naturel.
A ce titre, la faible signature sonore du PA 18 est un
atout indéniable…
Le dernier virage s'effectue à
une hauteur minimale de 100 ft, vitesse stabilisée à 70
mph avec un cran de volets.
En courte finale, on réduit sa
vitesse vers 60mph en arrondissant la trajectoire pour venir se poser
comme une fleur sur l'eau.
Dès le touché des
flotteurs, réduction complète des gaz et manche
maintenu plein cabré. La machine s'arrête en quelques
mètres, et dès que les safrans sont sortis on se
retrouve sur un bateau, un mauvais bateau certes, mais un bateau qui
va nous permettre d'aller " beacher " sur la plage de la
petite crique que l'on avait déjà envisagée lors
de la reconnaissance préalable à l'amerrissage.
Du
pur bonheur… De la liberté, mais la réflexion
sur le meilleur moyen et le meilleur endroit pour bénéficier
de cette liberté de se poser sur un plan d'eau en toute
sécurité en fonctions des conditions météo,
sans gêner les autres utilisateurs de ce plan d'eau... La
découverte d'une facette passionnante de l'aviation, à
un prix à l'heure de vol acceptable pour une majorité
de pilotes est aussi une façon de perfectionner son pilotage
et surtout d'améliorer ses capacités de jugement. Ce
devrait même être obligatoirement inscrit dans le cursus
scolaire tiens !!!
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